
10 juillet 812
Très tard dans la nuit, des hommes discutaient autour d’une table au fin fond d’un sous-sol. Ils avaient verrouillé la porte du salon et parlaient à voix basse, leur anxiété emplissait la pièce.
Mr. Chrosal : Mr. Léyand, étant le nouveau chef du bloc D, vous êtes maintenant apte à connaître les documents confidentiels de la société en lien avec le gouvernement.
Mr. Léyand : V-vraiment ? C’est beaucoup de pression !
Mr. De Lachaîne : Ce ne sont que les moins importants, Mr. Chrosal lui en sait beaucoup plus que nous !
Mr. Chrosal : Je vous donnerai les informations de base plus tard. Passons maintenant au sujet important, cela concerne l’accident d’hier. Mme. Huleg, la chef du bloc A, prit la parole, elle ne pouvait s’empêcher de toucher son chapeau.
Mme. Huleg : Dans le rapport de certains employés, nous avons pu y lire des indications inquiétantes. Des Lutins foreurs possédaient des types d’élément inédits à leur espèce. Le chef du bloc B réagit immédiatement.
Mr. Wyll : Le phénomène prend de l’ampleur ! Nous devons prendre des initiatives avant que la catastrophe ne devienne réalité !
Mr. Léyand : De quoi parlez-vous ?!
Mr. Chrosal : Du calme s’il vous plaît, Mr. Léyand écoutez bien. Vous savez, nous passons en dessous d’un grand canyon de plusieurs centaines de kilomètres. C’est une zone pauvre en ressource, pourtant on y trouve des monstres surpuissants, on explique ce phénomène par la présence d’un peuple non-humain.
Mr. Léyand : Une civilisation non-humaine vit dans les canyons ?!
Mr. Chrosal : Exactement. Ce sont les « Mangeurs », nous savons qu’ils manipulent l’énergie pour créer des animaux et des végétaux. Nous ne comprenons pas encore leur science et il nous est impossible d’avoir des contacts avec eux, ils se cachent. Même leur apparence nous est inconnue. C’est là qu’intervient le sujet du jour, les monstres changent génétiquement et ils deviennent plus puissants , le gouvernement pense que ce sont eux qui en sont responsables.
Mr. Léyand : J’ai du mal à y croire, mais en quoi est-ce un problème ? D’après moi, ils participent juste à l’évolution du monde… Il se tut, pensant avoir dit quelque chose de stupide .
Mr. Chrosal : C’était l’une des hypothèses soulevées au début de leur découverte mais elle a été rejetée au profit d’une autre, plus… Inquiétante. Des soldats en expédition sont tombés dans un piège très sophistiqué, d’après eux il est impossible qu’il ait été fabriqué par les monstres, jugés trop primitif.
Mr. Léyand : Quelle est cette hypothèse… ?
Mr. Chrosal : Une attaque pour éradiquer notre espèce.
Ikira gigotait dans son sommeil, elle faisait un cauchemar où des ombres s’approchaient d’elle sans qu’elle ne puisse s’enfuir. Au bout d’un long moment, les spectres fusionnèrent et se transformèrent en un monstre abominable. Il marchait lentement, des os craquaient sous ses pieds et du sang dégoulinait de partout. Arrivé à son niveau, il l’attrapa et la souleva délicatement en la regardant fixement, il tourna légèrement la tête et lui fit un sourire malsain. Il ouvrit la bouche et lui susurra à l’oreille « Personne ne te sauvera cette fois... ». Notre héroïne se réveilla et se releva subitement, elle n’avait pas crié mais était en sueur complètement terrifiée. Ethedra n’avait rien remarqué et dormait comme un loir.
Ikira : Elle reprenait discrètement son souffle. « Ce cauchemar était si intense...» Elle prit sa tête entre ses mains. « Je ne dois pas me faire envahir par la peur. Si je veux vraiment devenir une aventurière, je dois me ressaisir ! » Elle serra ses poings en signe de courage pendant un court instant avant de laisser retomber ses bras. « Mais pourtant, je suis terrifiée rien que de repenser à leur visage... »
Elle jeta un rapide coup d’œil au réveil, il était 8h du matin. Fatiguée, elle se leva, se prépara tranquillement et rejoignit le hall de l’hôtel. Elle fut surprise de voir ses 3 compères en train de prendre leur petit déjeuner, c’était donc pour cela qu’Ethedra ne faisait pas de bruit...
Ikira : Vous êtes déjà réveillés ? Elle s’assit et posa son plateau.
Ethedra : Je m’entraîne sur mon jeu, mes progrès se voient et ça me motive !
Ikira : Elle fut perplexe. Tu n’as pas mal aux yeux au bout d’un moment ?
Ethedra : Si, et parfois ma vue se trouble… Mais je m’en fiche, je veux m’améliorer !
Vélia : J’avertirai le Dr. Boréal de ce problème d’addiction…
Ikira : D’accord… Elle remarqua que Maria n’arrêtait pas de regarder discrètement les escaliers Alpha et Bêta. Tout va bien ?
Maria : J’observe si les 3 connasses d’hier n’arrivent pas, je veux les étudier pour les connaître plus.
Ikira : Oh c’est... Gentil ?
Vélia : Tu devrais plutôt t’inquiéter pour toi, l’accident d’hier te marque encore on dirait, tu as du passé une mauvaise nuit.
Ikira : « Elle a deviné… » Oui, mais c’est temporaire ! Elle changea rapidement de sujet. Tu nous as pas dit que tu nous ferais des cours ?
Vélia : C’est vrai ! Je vais organiser tout ça pour vous apprendre les bases ! Vous devriez être prêts à la sortie du tunnel !
Maria : Tu vas leur apprendre tout ce qu’on a appris pendant 2 ans de cours spécialisés en seulement 5 jours ?
Vélia : Euh… Je ne rentrerais pas dans les détails techniques !
Ikira : Elle commença à s’imaginer leur école. J’aurais tellement voulu aller là-bas, nous on avait qu’un établissement qui faisait tout en même temps et qui s’arrêtait au collège…
Vélia : Elle essaya de lui remonter le moral. Oh mais nous aussi on s’est arrêté au collège, c’était juste une option qui nous rajoutait des heures !
Ikira : Vraiment ? De toute façon, j’irais à l’université après mon aventure, et avec Ethedra !
Ethedra : Si tu veux. Dit-il absorbé par son jeu avec son bol à moitié finit.
Maria : « Je n’aurais jamais cru faire ami ami avec des paysans... »
Plus les minutes passaient, plus le hall se remplissait et parallèlement, plus le bruit et l’agitation s’intensifiaient. De loin, on pouvait voir Mlle. Samanlia et ses amies s’embrouillaient avec Mr. Parjhib, elles avaient encore provoqué quelqu’un. Mais cette fois ci c’était un guerrier hargneux qui les menaçait avec une grosse hache, elles faisaient moins les malignes… Il était maintenant temps de partir. Les bagages à la main, les gens s’avançaient chacun leur tour pour entrer dans leur bloc respectif. Juste avant de monter, Maria et Ethedra furent accostés par un jeune qu’ils connaissaient bien.
Un ado qui se la pète un peu : Comment vont mes personnes préférées ? Il s’était placé entre eux avec un bras autour de leur cou.
Ethedra : OH C’EST LUI !
Maria : Elle enleva lentement son bras. Tu connais aussi ce mec insupportable ?
Ethedra : IL S’EST MOQUÉ DE MOI ! Il laissa tomber sa valise et attrapa l’adolescent au col.
Un ado qui se la pète un peu : Il rit un peu. Je suis pas là pour me battre, je voulais m’excuser de vous avoir traités comme des merdes.
Maria : Par quel miracle ?
Un ado qui se la pète un peu : C’est mon pote qui m’a persuadé. Enfin bref. Hum hum… Voulez-vous bien m’excuser pour m’être moquer de vous, même si c’était bien marrant ?
Ethedra : Il le relâcha et reprit ses affaires. Euh… Excuses acceptées du coup ?
Maria : « C’est n’importe quoi... » Tu t’appelles comment ?
Un ado qui se la pète un peu : Jupiter. Bon vous avancez ?
Ethedra : Au revoir et à ce soir Jupiter !
Maria : Exaspérée. Partons avant que je ne le frappe...
C’était reparti pour une dizaine d’heures de route. Heureusement cette fois-ci, il y avait quelque chose d’intéressant pour passer le temps.
Vélia : Vous êtes prêts ?
Ethedra : Ha ha ! Plus que 5 niveaux ! Maria lui prit violemment l’objet des mains. Hé !
Maria : … Écoute ta professeure.
Ikira : On l’est maintenant !
Vélia : Regardez par ici. Il y avait un tableau à craie éclairé par plusieurs lampes torches accrochées approximativement. On va commencer par la base des bases, même si vous connaissez déjà. Chaque personne dans ce monde possède un élément, c’est à dire un pouvoir qu’elle peut utiliser à sa guise. Ceci est possible grâce à une molécule très malléable, l’énergie ! Tous les êtres vivants qui sont plus gros qu’une petite souris ont un organe spécial pour emmagasiner cette énergie, c’est l’énertima, et comme le cœur ou le foie, il est primordiale pour notre survie. Elle fit un schéma représentant un homme avec une boule au niveau du ventre et un trait reliant le nom à l’organe.
Ethedra : Pour l’instant ça va.
Vélia : Notre élément dépend d’un morceau de notre ADN qui conditionne le corps à modéliser un seul pouvoir. C’est pour cela que l’on peut le transmettre à nos enfants. Pour faciliter la répertorisation de tous les pouvoirs existants, les scientifiques les ont classés en 7 types. Elle écrivait sur le tableau. Immatériel, comme le feu ou l’électricité. Liquide, comme l’eau ou la lave. Gazeux, comme la fumée ou la vapeur. Solide, comme la pierre ou la glace. Granulaire, comme le sable ou le gravier. Objet, comme l’épée ou le bouclier. Biologique, comme les ronces ou le miel. Et le plus rare, Spécial, comme le plasma ou le fractal. Des questions ?
Ikira : Je ne connaissais pas le dernier !
Maria : Et si on se montrait notre élément avant de passer à la suite ?
Vélia : Elle montra la paume de sa main. Très bonne idée ! Une très légère brume verte apparut dedans et de petites ronces en sortirent, comme si elles avaient consommaient le nuage pour grandir.
Ikira : Trop classe ! À mon tour ! Elle imita Vélia et de petits cubes roses flottants émergèrent de sa main. Ça s’appelle « Psychique » d’après ma mère.
Ethedra : Il joignit ses deux mains et des pierres couleur glaise à tâches jaunes apparurent. C’est simplement Pierre.
Maria : Vous avez tous les deux un type solide. Elle leva vite fait son doigts et de l’eau turquoise l’entoura comme un serpent.
Ethedra : « Comment elle fait ça ? Faut que j’essaye… » Il leva son doigts et essaya tant bien que mal de faire léviter les pierres autour sous le regard perplexe de Maria.
Ikira : Vélia, tu peux nous dire c’est quoi cette fumée colorée qui sort et qui se transforme ?
Vélia : Justement j’y venais. C’est l’énergie de ton corps, tu te rappelles de Mr. Fure hier ? C’est exactement la même chose, plus ton aura est grande, et plus ton élément créé sera puissant.
Ethedra : C’est logique.
Maria : Ne fais pas l’intello...
Vélia : À ce stade là on a fait un contrôle, un des exercices était de deviner quel élément appartenait à quel type. Du coup on va essayé, à quoi appartient le… Pollen ?
Ikira : Biologique !
Ethedra : Granulaire aussi non ?
Vélia : Exact ! Vous êtes de bons élèves !
Mr. Fure : Hum hum… Je suis désolé de vous interrompre mais les torches sont limitées et elles n’ont pas une charge infinie…
Le cours finit, Ikira commença à s’entraîner sur l’invention du Dr. Boréal. Elle dut bien mettre une bonne heure pour réussir à passer le premier niveau. Vélia et Maria n’avaient rien d’autre à faire que de les regarder galérer...
Vélia : Vous ne voulez pas lâcher votre jeu ? On peut continuer les cours à l’oral tout simple...
Ikira : Oh je sais ! Allons voir Timothé pour lui parler du bus !
Vélia : D’accord… Répondit-elle déçue.
Ikira : Et après tu nous apprendras encore plein de chose ! Elle se leva énergiquement du banc.
Vélia : Ah ? Avec grand plaisir !
Ethedra ayant trop mal à la tête, il décida de se joindre à elles. Timothé se baladait tranquillement entre les passagers avec un balai.
Timothé : Que puis-je faire pour vous ?
Ikira : Nous voulions savoir pourquoi le bus met 7 jours à traverser le canyon ! J’avais lu qu’il ne faisait qu’entre 100 et 200 kilomètres pourtant !
Timothé : Ceci est la cause d’une loi, mise en place il y a maintenant plusieurs années. Elle interdit l’utilisation d’énergies polluantes, nous sommes donc obligés d’acheter du carburant d’origine végétale. Cependant comme vous le voyez, il ne produit pas beaucoup d’énergie, ce qui explique également le peu d’éclairement.
Vélia : Dans les grandes villes il y a des trains qui fonctionnent à l’électricité, pourquoi vous ne choisissez pas cette option plutôt ?
Timothé : Le bus est trop lourd et ne tiendrait pas les 200 kilomètres. Il faudrait alors raccorder le système électrique aux hôtels pour le recharger, ce qui serait trop coûteux et dangereux par rapport aux monstres. C’est la même chose pour l’installation de rails.
Ikira : D’accord d’accord… Elle notait tout ça dans un petit carnet.
Maria : Et à quoi fonctionne les hôtels du coup ?
Timothé : Une petite centrale géothermique est présente dans les sous-sols. Cela permet d’avoir du chauffage ainsi que de la lumière, mais elle produit trop peu d’électricité pour des consommations supplémentaires.
Ikira : Vous avez réponses à tout ! Oh une dernière chose, c’est quoi votre élément ? Si c’est pas indiscret, c’est indiscret en fait de poser cette question ?
Timothé : Il rit élégamment. Non bien sûr. Je possède le pouvoir des lances. Une légère brume sombre, mélangeant rouge et bleu, apparut sur le côté puis se transforma en lance. La lame était en acier bleu foncé et le manche en bois rouge noir.
Ikira : Ouah trop classe ! Je vais le noter…
Timothé : Veuillez m’excuser, je retourne à mon nettoyage. Il fit une révérence et s’en alla fièrement avec son balai.
Ikira : Bon, place aux cours !
L’enseignement dura ainsi plusieurs heures, entre-coupé par le repas et les entraînements. Vélia leur apprit l’essentiel sur les caractéristiques de certains éléments comme le feu ou la glace, les machines fonctionnant à l’énergie, la biologie des humains et des monstres… Elle voulu finit par un point important qu’elle jugeait au début inutile par sa banalité.
Vélia : On va bientôt arriver alors une dernière chose. Vous connaissez l’apparition des monstres ?
Maria : Sérieusement ? Ça se passe partout, pas besoin de demander…
Ethedra : Oui on en a déjà vu ! L’air bouge vite, il y a un peu de lumière et pouf, un ou plusieurs monstres apparaissent !
Vélia : C’est rassurant, est-ce que vous connaissez d’autres choses dessus ?
Ikira : Plus c’est fort et plus il y a aura des monstres qui seront puissants !
Ethedra : Et je crois que ça sert aussi à équilibrer la nature.
Vélia : Vous avez tous les deux raisons, même si c’est une théorie pour l’instant. D’ailleurs, vu qu’on ne sait pas comment ce phénomène marche, je pense que ce sont les « Mangeurs » qui en sont responsables !
Ikira : Oh mais oui ! Il faudra demander à Mr. De Lachaîne ! Il est vieux, il doit sûrement connaître des choses dessus !
Timothé : Excusez-moi braves gens, il est 20h, nous allons bientôt atteindre le troisième hôtel. Veuillez vous préparer à descendre.
Lorsque ce fut leur tour, nos 4 aventuriers sortirent, suivant la queue de passagers qui rentrait lentement dans le bâtiment somptueux. Ikira, prit de curiosité, regarda à gauche et à droite, elle réfléchissait pour la première fois à ce que ressentaient les employés qui faisaient sans cesse le chemin aller-retour, les conducteurs qui ne voyaient que du noir tout le long du trajet, les hôteliers qui restaient enfermés pendant de nombreuses semaines sans voir la lumière du jour… Elle se disait que la protection de l’environnement avait un coût technologique et moral mais qu’il était nécessaire, puisqu’on lui avait toujours appris à respecter la nature dans son village perdu. Elle essayait alors de trouver une solution pour que tout le monde soit content, malheureusement ce n’est pas elle qui pouvait changer quelque chose. Soudainement, elle se rappela d’un cours de Vélia, celui sur les machines fonctionnant à l’énergie.
Ikira : Reposant sa cuillère dans sa purée. Vélia ! Pourquoi ils n’utilisent pas l’énergie comme carburant ?
Vélia : Surprise par sa prise de parole soudaine. C’est trop épuisant, on ne trouve pas de matériaux capable d’utiliser toute l’énergie envoyé, il y a trop de perte.
Ikira : Ah mince… Une autre réflexion lui vint en tête. Pourtant, nos jeux marchent à l’énergie et ni moi ni Ethedra nous sentons fatigués !
Vélia : C’est vrai, mais c’est peut-être parce que ça ne demande pas beaucoup d’énergie justement.
Maria : Ou peut-être que le Dr. Boréal est un futur scientifique de renom.
Ikira : « C’est vrai, il changera peut-être le monde avec ses inventions et ses idées. » Elle était encore songeuse, elle se dit que c’était peut-être lui qui rendra le monde heureux.
Peu de temps après les jeux commencèrent. Sans demander, Ethedra et Maria s’affrontèrent au potentiel magique. Quand il posa sa main sur la demi-sphère, il se dit qu’il s’était vraiment amélioré, qu’il était fier de lui et qu’il allait continuer à faire des efforts, pour protéger ses amis et les rendre fier également.
Vélia : 2… 1… Go !
Ethedra : Tu ne gagneras pas cette fois !
Il mit toute la gomme, sa main brillait plus qu’hier mais bizarrement, bien qu’ils se tenaient tête, Ethedra laissait s’échapper plus de fumée. Maria souffla un coup, elle avait un air condescendant comme à son habitude puis, pour changer, elle afficha un sourire plutôt neutre.
Maria : Concentre ton énergie, là tu ne fais que gaspiller.
Ethedra : C-comme… Ça… ? L’aura se réduisait, elle semblait aussi rentrait dans la boule.
Maria : Oui voilà, c’est beaucoup mieux. Je sens un peu de difficulté.
Ethedra : « Ouah, je vais pouvoir forcer plus sans avoir l’impression de partir en vrille ! »
Soudainement, la couleur d’Ethedra repoussa fortement celle de Maria. Stupéfiée, elle leva un sourcil et ouvra légèrement sa bouche, mais elle changea rapidement d’expression pour montrer un sourire fier. Elle redoubla de puissance, pourtant elle ne montrait aucun signe d’effort. La machine se recouvrait progressivement de rouge comme si le bleu n’opposait aucune résistance. Il se voyait encore perdre, se faire humilier par son statut de campagnard faible.
Ethedra : « Je ne suis pas d’accord… Notre village pacifiste ne rime pas avec faiblesse ! » Je… Veux… Gagner !
Ses yeux brillaient, ils étaient devenus plus claires et un très fin tapis de brume en sortaient. Il forçait encore plus sous le coup de la colère, la surface de ses doigts et de sa paume lui piquait, il n’avait jamais ressentit cela avant. Cette fois Maria était vraiment confuse, une goutte perlant sur son front soulignait sa stupeur, elle avait eu peur de perdre pendant un petit instant.
Maria : Tu m’obliges à y aller vraiment sérieusement.
Elle fronça ses sourcils, ferma sa bouche et contracta ses doigts. Une grande quantité d’aura s’échappa de sa main comme la fumée d’un train-vapeur, signifiant une abondante entrée d’énergie dans le potentiel magique. La couleur d’Ethedra qui avait reprit du terrain recula encore une fois, et cette fois-ci plus rapidement. Une bourrasque le poussa lorsque Maria gagna, il tomba du banc.
Ethedra : Raaah non c’est pas possible !
Maria : Quoi t’es pas content ? Elle se leva pour aller de son côté de la table, Ikira l’avait entre-temps aider à se relever. Tu n’as pas vu ce que tu as fait ? Tu as réalisé d’énormes progrès, c’est la première fois que je vois ça, surtout lorsque l'on est coincé 10 heures par jour dans un bus ! Tu ne te rends pas compte de la force que tu as Ethedra, pourtant c’est juste sous tes yeux !
Ethedra : A-ah bon ?!
Maria : … Bien sûr vu que c’est moi qui le dit.
Ethedra : Il fit un grand sourire. Oh merci Maria ! Il voulut lui faire un câlin mais elle le tint à distance avec son bras.
Maria : Ne dépasse pas la limite.
Ikira : On est tous fier de toi Ethedra !
Ethedra : Merci ! Il sentit une douleur. Aie, j’ai mal à ma main…
Vélia : C’est pas étonnant, t’y es allé trop fort pour ton corps. On va aller te faire soigner.
Ils allèrent parler avec Timothé qui les conduisit à l’infirmerie juste à côté des cuisines, elle était tenue par le médecin du bus, Mr. Japier. Ikira toqua à la porte et l’homme leur dit d’entrer, il y avait déjà deux autres personnes dans la salle, dont un familier…
Mr. Japier : Bonjour, asseyez-vous en attendant que je finisse. Il enroulait un bandage autour du bras de son patient.
Jupiter : Rebonjour chers amis ! Il était assis sur une des chaises.
Ikira : Tiens j’ai l’impression de l’avoir déjà vu !
Maria : Elle se plaça à l’opposé de lui. Laisse moi tranquille.
Ethedra : Salut ! Il se mit juste à côté de lui. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Jupiter : Je me suis amusé à énerver un mec baraque, il s’est vengé en lançant son assiette sur moi et j’ai esquivé mais ça a atterrit sur mon pote.
Ikira : Ah c’est bon je me souviens de lui…
Mr. Japier : Parfait, tu peux y aller Alabano.
Alabano : Merci monsieur !
Jupiter : Au revoir. Il leur fit un petit geste de la main avec un sourire.
Ethedra : Il s’approcha du médecin. C’est pour moi, je me suis… Brûlé ?
Mr. Japier : Je vois, je vais te donner de la crème et faire un bandage.
Le temps passait lentement. Ethedra continuait à s’entraîner, toujours plus motivé et avait atteint le niveau 6. Maria participait à des duels de potentiel magique mais aussi d’échec et de jeu de carte. Vélia et Ikira discutaient alors entre elles.
Ikira : Je suis heureuse pour Ethedra, il semble avoir trouvé ce qui lui plaît.
Vélia : Il était comment avant ce voyage ?
Ikira : Plutôt fainéant et il mentait souvent pour paraître meilleur qu’il ne l’était, je pense qu’il n’avait pas du tout confiance en lui. En fait il n’arrivait pas à montrer ce qu’il savait faire, parfois on faisait des combats avec les autres enfants et adolescents du village et il perdait souvent, même contre plus jeune que lui.
Vélia : C’est pour ça qu’il est aussi souvent frustré de lui-même ?
Ikira : Oui voilà. Son comportement l’a d’ailleurs exclu, sauf de moi, j’étais sa seule amie. Si je n’étais pas là, il ne restait pas avec les autres. Du coup on est resté beaucoup ensemble et nos familles se sont même rapprochées, c’est comme un frère maintenant.
Vélia : D’accord je vois, il paraît plus sympathique.
Ikira : Et Maria, pourquoi elle est aussi froide ?
Vélia : Je l’ai rencontrée en primaire, elle restée tout le temps seule. Parfois je la voyais parler avec d’autres enfants un peu plus âgés, je n’avais pas remarqué avant mais en leur présence, elle baissait tout le temps la tête et était gênée. Un jour, ils l’ont emmenée derrière l’école, je les ai alors suivi. Ils étaient en train de la frapper et l’insulter, j’ai pas réfléchi et j’ai foncé sur eux. J’en ai amoché un mais ils ont rapidement pris le dessus. Je me suis retrouvé par terre et soudainement, Maria s’est relevée et a crié hyper fort. Elle les a défoncé un par un sans difficulté. Depuis ce moment, on est devenues amies.
Ikira : Ouaw ! Votre amitié est fondée sur des bases solides, même si ce qui s’est passé est affreux, je trouve votre entraide mutuelle fabuleuse!
Vélia : Ha ha oui, je suis fière de notre relation !
Ikira : Mais attend, elle était déjà froide avant ça non ? Je veux dire, ces jeunes ont juste profité de son renfermement.
Vélia : Oui, je ne sais pas vraiment pourquoi, elle m’a dit qu’elle avait eu des problèmes avec sa famille mais sans m’en dire plus. En tout cas cet épisode a contribué à sa force de caractère.
Ikira : « Les gens ont une vie plus ou moins difficiles, je voudrais bien en savoir plus sur celle de Maria et Vélia aussi. »
Quelques minutes plus tard, les deux filles décidèrent d’aller voir Maria, elles durent la chercher, se baladant entre les nombreuses tables et personnes. Quand elles la trouvèrent enfin, elle était en train de combattre celui qui l’énervait beaucoup aux échecs.
Jupiter : Alors est-ce que je te bas maintenant ou je te laisse un espoir… ? Mmh mmh c’est dur comme choix !
Maria : Joue au lieu de parler.
Jupiter : À toi.
Maria : Je le sais. Échec.
Jupiter : Ah, fuck…
Alabano : Tu n’as plus aucune chance, Maria a gagné, bravo !
Maria : C’était facile. « C’est grâce à Vélia et à son talent pour les échecs... »
Ikira : Bonjour ! On a pas eu le temps de se présenter ! Moi c’est Ikira !
Vélia : Et moi Vélia. Elle chuchota à Maria avec un sourire narquois. Je croyais que tu le détestais.
Maria : Il m’énervait trop, il fallait que je le fasse redescendre sur Terre...
Alabano : Bonjour, moi c’est Alabano et voici Jupiter ! C’est rare de voir des gens de notre âge ici !
Après s’être rapidement présenté, ils rejoignirent Ethedra. Ils parlaient des raisons de leur voyage, de leur passion et d’eux mêmes. Jupiter et Alabano s’étaient rencontrés au collège et étaient devenus des meilleurs amis. Ils ne faisaient rien de palpitant chez eux, ils ont décidé alors de vivre une aventure, comme beaucoup de monde dans cet hôtel. Ils venaient d’une grande ville, Hourlé à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la région des îles flottantes, et très proche de Kolorie, une mer qui rentre dans le territoire. Leur caractère se dévoila également. Jupiter était très moqueur mais il était sympathique et adorait rire, bien que Maria eut souvent envie qu’il se la ferme. Alabano lui était gentil, peut-être trop, il semblait plus timide mais il écoutait attentivement et riait avec les autres. Ils passaient tous un bon moment.
Alabano : Donc c’est un jeu pour s’entraîner ?
Ethedra : Exactement, je te laisserais essayer quand j’aurais mal aux yeux si tu veux ! Tu vas voir c’est super !
Vélia : Mais c’est pour les débutants très débutants quand même…
Ethedra : On verra bien s’il en a besoin.
Alabano : J’espère que non alors...
Jupiter : Hey Maria, tu vois ces femmes ? Il désignait Samanlia et ses deux amies, elles marchaient avec leurs robes soyeuses, leurs bijoux clinquants et leur démarche prétentieuse. J’ai très envie de les faire chier. Et toi ?
Maria : … Non. Même si je les déteste encore plus que toi, je ne ferais jamais ça.
Jupiter : Pourtant elles embêtent bien le monde, on pourrait leur donner une leçon !
Maria : Je t’ai dis non. Mais si tu as envie de le faire, fais le, je ne te retiens pas.
Jupiter : Bon d’accord, tu vas voir c’est ma spécialité.
Il alla nonchalamment vers elles, réfléchissant à sa ruse. Il opta pour le croche-patte, simple mais efficace. Il voulait la faire tomber sur une table tapissée de plats pour que la femme qui semblait être leur chef se salisse. Il attendit le bon moment et avança, la frôla et mit son pied devant le sien puis, subitement, elle se retourna et l’attrapa.
Mlle. Samanlia : Qu’est-ce que tu me veux morveux ?
Jupiter : « C’est facheux. » Mais rien du tout madame qu’est-ce qui vous prend ? Il prenait toujours son ton moqueur.
Mlle. Samanlia : Omélie, Waple, dites lui qui je suis.
Omélie : Grande gagnante de Miss Yakalo, le pays le plus connue du continent, elle est aussi une aventurière qui a déjà remporté des tournois régionales.
Waple : Et tout ça seulement à 23 ans. Tes petits tours, ce n’est pas à elle que tu les feras !
Mlle. Samanlia : Alors, qu’en dis-tu gamin ?
Jupiter : Que vous êtes des…
Mr. Fure : Mademoiselle Samanlia ! Qu’est-ce que vous faites encore ?! Elle sursauta et lâcha lentement le garçon.
Mlle. Samanlia : Il voulait me faire tomber et je l’ai juste grondé, je suis dans mon droit.
Mr. Fure : Vous m’exaspérez. C’est qu’un gosse, laissez le partir.
Jupiter : « Je suis pas un gosse... »
Mlle. Samanlia : Tss… Venez les filles on s’en va dans notre chambre. Ce monde est trop injuste pour de telles beautés. Elles partirent avec un air encore plus hautain qu’avant.
Mr. Fure : Quelles co… Il se retenu. Je te tiens à l’œil toi aussi, je sais que tu embêtes Mr. Parjhib dans le bloc A. Il partit un peu énervé…
Maria : Et beh… Elle se retenait de rire. Je croyais que c’était ta spécialité.
Jupiter : Vas-y moque toi avec ta gueule de constipé.
Maria : Pardon… ? Une veine apparut sur son front et ses poings voulaient atterrir sur son visage.
Vélia : Oh bon on va aller dormir hein ? Elle prit Maria par les épaules et la tira délicatement.
Alabano : Très bonne idée. Arrête d’embêter les gens toi. Il le tira par le col.
Jupiter : Vous êtes pas marrants...
Les jeunes montèrent dans leur chambre, suivis par d’autres passagers, il se faisait de plus en plus tard. Les derniers encore présents étaient bien sûr les employés du bus et de l’hôtel pour nettoyer et monter la garde. Mr. Parjhib fit sa première patrouille, il devait surveiller toute la partie Alpha puis la partie Bêta et recommencer jusqu’à 5 heures du matin. Il n’avait qu’une lampe torche pour se repérer dans ces couloirs sombres et silencieux, ce qui le rendait particulièrement anxieux.
Mr. Parjhib : « Mais pourquoi j’ai postulé pour cette agence de voyage… Ah oui, c’est super bien payé ! » Un bruit sec l’arrêta dans sa marche. Y-y’a quelqu’un ?
Il regarda tout autour de lui mais rien. Pour se rassurer, il longea le mur qui séparait les deux parties pour pouvoir guetter les mouvements aussi bien à sa gauche qu’à sa droite. Au bout d’un moment, il sentit qu’il était arrivé à l’intersection. Il inspecta alors doucement s’il n’y avait pas quelqu’un qui l’attendait et ne vu personne. Soulagé, il reprit sa marche puis sentit comme si de rien n’était une main se poser sur sa bouche. Il ouvrit grand les yeux et avant de pouvoir prononcer un mot, un poignard transperça son dos et l’un de ses poumons. L’homme caché sous son manteau turquoise l’allongea et lui murmura à l’oreille avant qu’il ne perde connaissance.
Homme : Vous m’écœurez.
Il laissa sa victime sur place, à plat ventre et respirant avec beaucoup de difficulté, puis il fit signe à ses camarades de sortir de leur cachette.
Homme : C’est l’heure, détruisons ces êtres profanateurs pour rétablir l’équilibre sacré.
Journal d’Ikira : 10 juillet 812
Résumé du jour : Une très bonne journée, Vélia nous a appris plein de choses, Ethedra dépasse toujours ses limites et on s’est fait de nouveaux amis. Malgré le cauchemars que j’ai fait, je ne m’avouerai jamais vaincu et je dépasserai cette peur !
Personnes rencontrées :
-Jupiter Kaze, c’est lui qui s’est moqué d’Ethedra lors de la première journée et qui énervait Maria lorsqu’elle était encore dans le bloc A. À part son côté sarcastique, il est très sympa.
-Alabano Lazuli, c’est l’ami de Jupi, il est son contraire. Il ne parle pas beaucoup et est très gentil.
Humeur du jour : Apprendre des choses me plaît, cette journée était très enrichissante.